(Actualisé avec ouverture des bureaux de vote)
par Ahmed Rasheed
Les Irakiens sont appelés aux urnes mardi pour des élections législatives lors desquelles le Premier ministre Mohammed Chia al Soudani brigue un second mandat et que de plus en plus de jeunes considèrent uniquement comme un moyen pour les partis traditionnels de se répartir les richesses pétrolières du pays.
Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 (04h00 GMT) et doivent fermer à 18h00 (15h00 GMT).
Il est attendu que le bloc politique de Mohammed Chia al Soudani finisse en tête du scrutin mais sans obtenir de majorité, un scénario qui pourrait donner lieu à des mois de négociations post-électorales entre les partis chiites, sunnites et kurdes pour se répartir les rôles gouvernementaux et désigner un Premier ministre.
Une faible participation est devenue la norme pour les élections en Irak, où nombre d'électeurs ont perdu foi en un système ayant fait perdurer la puissance de partis appuyés par des loyalistes armés. Les citoyens ordinaires déplorent une corruption endémique, une pénurie de services et un chômage important.
D'après des analystes et des instituts de sondage, le taux de participation pourrait être inférieur à 41%, qui fut un plus bas historique lors du scrutin de 2021, du fait du désenchantement de la population et du boycott mené par l'imam chiite Moqtada al Sadr, qui compte des centaines de milliers d'électeurs parmi ses soutiens.
Si un éventail de jeunes candidats espèrent percer dans la scène politique lors de ce scrutin, leurs chances demeurent floues face aux réseaux clientélistes installés de longue date.
"Ces élections ne dépendent pas de la popularité. Elles dépendent de l'argent dépensé", a déclaré l'ancien Premier ministre Haider al Abadi lors d'un entretien télévisé le mois dernier.
La faible mobilisation de la population civile pour le scrutin pourrait nuire davantage à la confiance en un système qui, selon ses détracteurs, favorise un petit nombre au détriment de la majorité, ont prévenu des analystes.
"Pour les 21 millions d'Irakiens inscrits sur les listes électorales, le scrutin de mardi ne devrait pas faire davantage qu'entériner un ordre politique familier", a commenté Ahmed Younis, analyste politique basé à Bagdad. "Les résultats ne devraient pas apporter de changements radicaux à la carte politique irakienne", a-t-il ajouté.
Reste que le scrutin, dont les résultats seront connus après plusieurs jours seulement, intervient dans une période délicate pour l'Irak, qui marche sur un fil pour trouver un équilibre entre l'influence des Etats-Unis et celle de l'Iran.
Des dizaines de groupes armés sont alignés sur Téhéran et répondent à leurs chefs plutôt qu'à l'Etat irakien, lequel fait face à une pression croissante de Washington pour démanteler ces milices.
L'Irak a globalement échappé jusqu'à présent à la tourmente régionale causée par la guerre dans la bande de Gaza, mais le pays pourrait subir la foudre des Etats-Unis et d'Israël si les miliciens alignés sur l'Iran ne sont pas contenus.
Les vainqueurs des élections devront également améliorer le quotidien de la population et gérer le mécontentement à l'égard de la corruption pour éviter des troubles, comme en 2019 et 2020, avec des manifestations réprimées dans le sang.
(Ahmed Rasheed, avec Muayad Hameed; version française Jean Terzian)

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